Chasselas

Les cépages made in Switzerland

Saviez-vous que la Suisse est le berceau de plus de 200 cépages autochtones? Depuis des centaines d’années, un grand nombre d’entre eux sont importés et cultivés aux quatre coins du monde. Parmi les variétés les plus répandues mondialement, on trouve le merlot dans les rouges et le chardonnay du côté des blancs.

« En viticulture, un cépage est dit ʺautochtoneʺ lorsque la certitude est quasiment acquise qu’il provient de la région– une origine attestée par des recherches dans les registres et la littérature – ou lorsqu’un lien a pu être établi avec un autre cépage provenant du même endroit », explique Markus Rienth, professeur à la Haute école de viticulture et œnologie de Changins. En Suisse, le chasselas, la petite arvine, l’humagne rouge et le cornalin sont les quatre variétés indigènes les plus cultivées. Ces cépages originaires du pays séduisent les plus fins palais à l’international.

Cornalin

Des variétés qui font sensation

Lors de la 25e édition des Vinalies internationales de Paris au mois de mars 2019, deux variétés d’un même domaine valaisan ont été distinguées, une petite arvine et un cornalin. Ce dernier a même obtenu l’excellente note de 99/100, une première dans l’histoire du concours. « Il a un goût fruité, un mélange de fruits rouges et de noyaux de cerises », décrit Marc-André Devanthéry, le directeur du domaine du Mont d’Or à Sion, pour qualifier son cornalin, prix Vinofed et trophée du meilleur vin de la catégorie cornalin à Paris. « Quand j’ai découvert la note attribuée par les membres du jury, j’ai été abasourdi. Faire l’unanimité du collège, c’est incroyable! Notre objectif est que le terroir s’exprime à travers nos vins. Ces prix sont une magnifique reconnaissance de notre travail, d’autant plus qu’ils ont été attribués à Paris, une ville où notre domaine a été primé pour la première fois à l’international en 1878, lors de l’Exposition universelle. »

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Marc-André Devanthéry, directeur et œnologue du domaine du Mont d'Or, avec la maître de chai Florence Troger.

 

Si le cornalin est une variété rouge cultivée depuis seulement une trentaine d’années au sein de ce domaine valaisan, la petite arvine est quant à elle une icône de l’entreprise sédunoise. « Nous cultivons cette variété depuis 1920. En bouche, on sent le coing, le miel et la pourriture noble, une saveur riche en sucres qui garde une touche de fraîcheur », explique Marc-André Devanthéry pour présenter sa petite arvine, qui a également raflé le trophée de meilleur vin de sa catégorie en France. Ce vin blanc de type liquoreux est produit en fonction de la qualité du raisin, « lors des meilleures années, c’est-à-dire en principe un an sur deux », précise-t-il. « Je bois plus souvent le cornalin, que j’accompagne d’une bonne viande rouge ou d’une volaille de chasse. Je considère la petite arvine comme un vin de méditation. Elle se boit plus facilement seule mais elle se marie aussi très bien avec un dessert ou un vieux fromage d’alpage à pâte dure », conseille l’œnologue valaisan.

Quatre variétés indigènes majoritaires

Le cornalin et la petite arvine sont deux des quatre cépages autochtones majoritaires en Suisse. Le chasselas est la variété de blanc la plus répandue. Il est suivi de loin par la petite arvine. Parmi les rouges, l’humagne et le cornalin sont les variétés indigènes les plus représentées dans les vignobles suisses. Un cépage autochtone peut être le fruit de la nature ou résulter d’un croisement, naturel ou pratiqué par l’homme, entre plusieurs souches. « On estime qu’il existe entre 5000 et 10'000 variétés différentes dans le monde. Une vingtaine d’entre elles représentent 80% des surfaces répertoriées sur le plan mondial. Il s’agit par exemple du cabernet sauvignon dans les variétés rouges et du sauvignon blanc », détaille Markus Rienth. « Chaque région a des cépages recommandés en fonction de son environnement. »

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Le vignoble du domaine du Mont d'Or est aménagé en terrasses.

Mythes et actualités

Répertorié depuis le XVIIe siècle sous le nom de fendant, le chasselas est originaire de l'arc lémanique. Une appellation toujours en vigueur en Valais où la variété a été introduite en 1848. La petite arvine est plus ancienne. Elle est répertoriée pour la première fois en 1602 et est aujourd’hui principalement cultivée en Valais. Dans les variétés rouges indigènes, l’humagne rouge aurait été introduit vers la fin du XIXe siècle en Valais depuis sa région voisine, le Val d'Aoste. Selon les spécialistes, la proximité entre les deux régions permet de le considérer aujourd’hui comme un cépage indigène suisse. Le cornalin est quant à lui une variété exclusivement cultivée en Valais. D’origine valdôtaine et anciennement connu sous l’appellation « rouge du pays », il a été rebaptisé cornalin en 1972. Voilà donc quatre variétés aux histoires différentes mais dont la Suisse est le berceau commun. Laquelle sera votre préférée?

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Le Cornalin 'Vieux cachet' et la Petite Arvine 'Sous l'escalier' du domaine du Mont d'Or à Sion ont remporté les trophées du meilleur vin de leur catégorie au concours Vinalies Internationales de Paris en mars 2019.

Quelques chiffres suisses

  •  15’000 hectares cultivés

         =

         +     6000 hectares de variétés blanches

         +     8000 hectares de variétés rouges

  • Le chasselas (60%) est la variété blanche indigène la plus cultivée en Suisse. La petite arvine (3%) est la 2e variété autochtone la plus cultivée. 

 

  • Dans les cépages rouges, le cornalin (2%) et l’humagne rouge (2%) sont les deux variétés autochtones les plus cultivées. 

 

  • En moyenne, plus de 10 litres d’alcool sont consommés par année et par habitant.
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La cave à vin historique du domaine du Mont d'Or à Sion.