Ambulance jet Bombardier Challenger 650

La Rega suisse: les sauveteurs du ciel

La Rega, ou Garde aérienne suisse de sauvetage, effectue des missions en hélicoptère et en avion-ambulance au secours des personnes en détresse en Suisse et à l’étranger. Fondation à but non lucratif financée par plus de 3,6 millions de donateurs, elle a fêté son 70e anniversaire cette année.

Histoire de la Rega

C’est un scénario que la Rega ne connaît que trop bien.  Un accident se produit et quelqu’un se retrouve bloqué en pleine montagne ou dans une zone difficile d’accès.  Dans ce genre de situation d’urgence, il est impossible pour la personne accidentée de rentrer chez elle par ses propres moyens. C’est alors à la Rega d’intervenir.

La Rega dans les années 1950

Il en va de même pendant l’hiver 1953: une violente tempête s’abat sur le sud-ouest des Pays-Bas, provoquant la rupture des digues. Des centaines de villes et de villages sont submergés par les eaux. Ce raz-de-marée sera pour les Néerlandais l’une des plus grandes catastrophes naturelles du XXe siècle. Immédiatement, la Garde aérienne suisse de sauvetage est sollicitée et une équipe de secouristes est déployée. Les pilotes et les parachutistes passeront les trois jours et les trois nuits suivants en mer du Nord, à bord d’un hélicoptère de location.  

Cette mission de sauvetage sera l’une des premières de la Rega, qui deviendra par la suite une institution en Suisse.

Il n’y a aucun doute là-dessus: en Suisse, ’Rega’ signifie tout simplement sauvetage aérien.

René Rhinow, ancien président de la Croix-Rouge suisse, dans la préface du livre Die Rega - Destination Patient

Swiss Air-Rescue parachutist with his dog
Un parachutiste du Secours aérien suisse avec son chien dans la région du Gantrisch, hiver 1953.
© Rega 

 

La Rega a 70 ans

La Rega voit le jour dans le canton de Berne en 1952, à l’initiative de Rudolf Bucher, sous le parrainage de la Société suisse de sauvetage (SSS). Septante ans plus tard, devenue une fondation indépendante et privée, elle emploie près de 400 personnes au service de la population suisse en Suisse et à l’étranger. 

Le numéro magique à composer en cas de détresse est le1414. Au total, 14 bases hélicoptères réparties dans toute la Suisse permettent à la Rega d’atteindre n’importe quel endroit du pays en 15 minutes, qu’il s’agisse d’une zone densément peuplée ou d’une région montagneuse. L’un des services clés est la recherche et le sauvetage, que l’on déploie par exemple lorsqu’un randonneur est porté disparu et ne revient pas dans la soirée. 

Depuis sa création, la Rega est restée fidèle à sa mission première. En 1985, sous la plume de la Gazette de Lausanne, ses équipes gagnent le titre de «sauveteurs du ciel». «L’important pour la Garde aérienne suisse de sauvetage est de faire comprendre au public que nos hélicoptères sont bien plus qu’un moyen de transport», écrit Sylvio Refondini, qui dirigeait à l’époque le bureau lausannois de la Rega. «Ils permettent de déplacer des médecins dans des délais absolument inégalés, puis de transporter des blessés exactement là où ils doivent aller, tout en leur administrant les soins que leur état nécessite.»

 Parmi les opérations critiques de l’histoire de la Rega figure un sauvetage organisé en 2015, sur le mont Vilan, dans les Grisons. Sept membres d’un groupe de ski de randonnée ont été ensevelis par une avalanche. Trois hélicoptères de sauvetage de la Rega sont alors dépêchés depuis Untervaz, Mollis et Saint-Gall.  Une autre opération de grande envergure a lieu en décembre 2004. À la suite du tsunami d’Asie du Sud-Est, la Rega doit relever l’un des plus grands défis de son histoire. Trois avions-ambulance sont déployés en Thaïlande et au Sri Lanka. En l’espace d’une semaine, plus de 60 patients seront rapatriés en Suisse.

Patient care on the slopes
Des médecins prennent en charge un patient sur une piste de ski. 
© Rega 

 

Un modèle de financement basé sur les dons

Aujourd’hui, le modèle unique de la Rega, basé sur le financement par des dons, est considéré comme l’une de ses plus grandes conquêtes. «Dans la grande majorité des pays du monde, le sauvetage aérien est une activité subventionnée par les pouvoirs publics et confiée à des entrepreneurs privés, comme des sociétés commerciales de sauvetage aérien», explique Corina Zellweger, porte-parole de la Rega. «En Suisse, les choses sont différentes: la Rega est une fondation privée à but non lucratif, qui bénéficie du soutien de plus de 3,6 millions de donateurs et achemine des équipes de premiers secours par voie aérienne. Notre indépendance nous permet de faire du bien-être des patients notre priorité.» 

L’idée d’un financement par dons est née en 1966. À court d’argent, la Rega se tourne vers le Conseil fédéral, qui rejette sa demande. Elle fait alors appel à la générosité de la population. Le montant de ce soutien? On peut devenir donateur à partir de 20 francs. Aujourd’hui, les dons et les cotisations des donateurs et des bienfaiteurs couvrent environ 63,5% des coûts de la Rega, le reste étant pris en charge par des compagnies d’assurance. 

Rega in 1971
Le 4 juin 1971, la Garde aérienne suisse de sauvetage prend livraison de son premier hélicoptère entièrement financé par les contributions des donateurs, un Alouette III SE 316 portant le numéro d’immatriculation HB-XDF. 
© Rega

 

Une année record

2021 a été l’année la plus chargée pour la Rega à ce jour. Depuis son centre d’opérations à l’aéroport de Zurich, plus de 18 000 missions ont été organisées avec sa flotte d’hélicoptères de sauvetage et d’avions-ambulance. Cela correspond à près de 50 missions par jour en moyenne. «L’augmentation des rapatriements est due à la hausse du nombre de voyages par rapport à la première année de la pandémie», explique l’organisation. 

Au total, plus de 12’000 patients ont été pris en charge. «De manière générale, les chiffres de nos missions sont variables et dépendent, entre autres, des conditions météorologiques et du comportement, en voyage et dans leurs loisirs, de la population suisse et des touristes», note Mme Zellweger.  Elle ajoute que le mauvais temps reste le principal obstacle aux opérations. Chaque année, près de 600 personnes en détresse ne peuvent être secourues du fait de mauvaises conditions météorologiques. 

L’un des moyens de remédier au brouillard et aux chutes de neige consiste à mettre en place un réseau national d’itinéraires de vol sauvegardés sur des ordinateurs. Cela permet aux pilotes d’hélicoptères de suivre un itinéraire même lorsque la visibilité est faible. Parmi les autres outils, citons les caméras thermiques et les détecteurs de radio mobile, qui permettent de localiser le téléphone d’une personne disparue même dans les zones sans couverture. 

Airbus Helicopters H145 Cockpit
Cockpit d’un Airbus Helicopters H145. 
© Rega

 

Les horizons de la Rega

La Rega met davantage l’accent sur l’innovation pour maintenir son excellent niveau en matière de sauvetage aérien. Cette année, elle a présenté son dernier drone équipé de capteurs permettant de balayer de vastes zones de recherche. Elle commencera par ailleurs à utiliser ses tout nouveaux hélicoptères de sauvetage dotés d’un rotor à cinq pales sur sa base de Sion durant la saison d’hiver 2022/2023. Ces hélicoptères modernes remplaceront l’ensemble de la flotte actuelle dès la saison 2024/2025. 

L’activité de sauvetage aérien est plus importante que jamais et en constante évolution. «Nous avons vécu 16 années très mouvementées, au cours desquelles nous avons connu de nombreux changements et accompli des progrès considérables, en partie grâce à la numérisation et aux innovations techniques», déclare Ernst Kohler, président de la direction de la REGA, qui a pris ses fonctions en 2006. Mais une chose reste certaine pour lui: «Malgré cet essor, la Rega n’a au fond pas changé: nous nous concentrons sur le bien-être de nos patients et apportons une aide médicale aérienne aux personnes en détresse. Aujourd’hui, la Garde aérienne suisse de sauvetage est devenue un acteur incontournable du système de santé suisse.»

Exhibition in the Verkehrshaus Luzern
Le Musée suisse des transports et la Garde aérienne suisse de sauvetage Rega se sont penchés sur l’histoire du sauvetage aérien médical et de la Rega.  Intitulé «Sauvetage aérien médical», cet éclairage s’inscrivait dans le cadre de l’exposition du Musée suisse des transports «La Suisse en vol». Le musée mettait en avant la fascination pour le sauvetage aérien et replaçait l’activité de la Rega dans le contexte plus large de l’aviation de montagne et de travail.
© PPR/Musée suisse des transports/Thomas Luethi

Image de couverture: Ambulance jet Bombardier Challenger 650, © Rega